Shin Chan est un manga qui déchaîne les passions : arnaque pour les uns, bijou pour les autres, il fait hurler de rire autant de personnes qu'il n'en consterne. Racontant les histoires d'un petit garçon de 5 ans, dessiné avec un style digne d'un enfant de cet age, il est pourtant destiné à un public adulte et averti.
Bienvenue dans l'univers Shin Chan...
Shin Chan Nohara a 5 ans. Il vit avec sa maman, Misty, femme au foyer, et son papa, Harry, employé dans une entreprise (dans la version française, de laquelle je garderai tous les noms). Il a un chien, Lucky, et des amis : Cosmo, Nini, Bô et Max. Ils vivent tous dans une petite ville tranquille, vont à l'école et ont Melle Dori comme maitresse.
Tout irait bien dans le meilleur des mondes si Shin Chan n'état pas un dragueur invétéré, fan de "lorie après la douche", gaffeur, mal élevé, un peu bébête, attachant malgré tout, un petit monstre au coeur d'or. Sa mère est tiraillée entre son devoir de femme au foyer telle qu'on l'attend et sa jeunesse. Elle veut faire la fête, dépenser tout son argent en fringues, papoter avec les voisines, se reposer...Maman immature, elle perd souvent pied devant son rejeton. Harry, passant sa vie entre le boulot et les filles qu'il rêve (sans succès) de draguer, confie à la femme la (non-)éducation de Shin Chan. Irresponsable comme papa, il est comme le grand frère se Shin Chan, avec qui il se fait parfois punir par Misty.
Devant ce contre-exemple de famille, Lucky, le toutou adopté, paraît être la seule "personne" censée. Chien de race indéfinissable, il est tant un camarade de jeu pour Shin Chan qu'un rappel de l'auteur à la "raison".
Les amis de Shin Chan : Cosmo est l'archétype du gosse de riches formaté pour les plus grandes écoles, pour une grande carrière. Frimeur, prétentieux, il est le parfait opposé de Shin Chan : artificiel. Nini est une gamine capricieuse et autoritaire, qui, derrière des airs de petite fille sage, est un tyran miniature. Sa maman est un peu pareil : très bien comme il faut en public, elle se défoule, en privé, en démolissant à coups de poings un lapin en peluche. Max est trouillard et manque de personnalité. Bo est ambigu : toujours la morve au nez, il semble intellectuellement plus mature que ses amis.
La maîtresse, Melle Dori, doit montrer l'exemple, ce qu'elle fait en passant son temps à se battre contre Melle Uma, maîtresse de l'autre classe de la maternelle, maternelle dont le directeur semble tout droit sorti de la mafia.
Derrière des aspects faussement naïfs, Shin Chan dépeint une satire au vitriol de notre société de l'image et de l'apparence. Parodiant les mangas en particulier, notre imaginaire en général, il fait rire gras, puis rire jaune, et enfin réfléchir. Il déstabilise à chaque instant, par un grincement de dents ou un énorme éclat de rire. Tout le monde s'y retrouve et on aime à s'y perdre !
Les dessins sont réduits à leur strict minimum. Du Buri Buri de Shin Chan himself aux histoires qu'il vit, même celles qu'il ne devrait pas voir, un même trait, simplissime. Pourtant, l'auteur nous montre, dans des aventures de notre jeune andouille sur pattes, qu'il sait dessiner : les chateaux sont magnifiques, notamment. Mais tout est fait pour que l'on ne sache jamais si ce que l'on voit est la réalité, ou l'imagination de Shin Chan. On ouvre le bouquin et se retrouve dans son cerveau déluré. Mais ne représente-t'il pas, finalement, tout ce que nous n'osons pas faire ?
La célèbre Danse Fla !